1. Définition de l’ESG
L’ESG désigne les critères de performance non-financiers d’une entreprise, que sont la performance “environnementale”, “sociale” et la “bonne gouvernance”. Ils permettent de rendre compte des impacts d’une société et des risques climatiques qu'elle prend en compte, afin de rassurer les investisseurs et autres parties prenantes (comme l’état) sur le sérieux de son engagement RSE, preuves à l’appui. L’ESG réfère aussi au monde de la finance, à tout ce qui a trait à l’investissement durable, qui inclut les Fonds socialement responsables (ISR). L’ESG implique de nouveaux types de risques pour l’entreprise, qu’elle doit mesurer et contre lesquels elle doit se prémunir.
2. Comment les critères E.S. et G. sont-ils mesurés ?
Il existe environ 50 critères ESG, qui fonctionnent pour toutes les industries Vous devrez collecter des données sur ces différents critères. Gardez en tête que les données en soi ne signifient rien si elles ne sont pas mises en relation les unes avec les autres. Rien ne sert de les considérer séparément puisque ce sont des éléments en interaction. L’intérêt est surtout de pouvoir évaluer l’amélioration de votre organisation sur ces critères afin de “gagner des points” aux yeux des investisseurs.
Ce schéma résume les différents critères pris en compte dans le reporting ESG.
Source : Novethic “Transparence et reporting ESG”
Ces critères se regroupent en trois catégories ou “piliers” : l’environnement, le social et la gouvernance.
2.1. Pilier 1 : L’environnement
Ce pilier concerne l’impact écologique ou environnemental de l’entreprise : gestion des déchets, consommation énergétique, préservation des ressources, réduction des gaz à effet de serre (Comment le Scope 3 mesure l'impact environnemental du numérique), la consommation d’eau, la préservation de la biodiversité et la prévention des risques environnementaux. La plupart de ces critères font partie du bilan carbone, bien que les critères environnementaux s’étendent au-delà des émissions de GES (Gaz à effet de serre) (article Bilan GES quand dispo)
2.2. Pilier 2 : Critères sociaux et sociétaux (ou humains)
Critère social : Le “capital humain”, concerne les parties prenantes d’une entreprise : clients, fournisseurs et salariés. Les critères sociaux concernent le dialogue social, la politique d’emploi des personnes handicapées, les droits et la formation des salariés, la sécurité et la prévention des accidents…
Dans un contexte de “guerre des talents”, l’entreprise est évaluée sur les conditions de travail et le bien-être des salariés (santé mentale, formation, sécurité financière), sur sa politique d’inclusion et de diversité, mais aussi sur son dialogue social, vis-à-vis de ses clients et de son territoire. Investit-elle dans la connaissance des consommateurs ? Dans leur écoute et leur protection ? Prend-t-elle des engagements en faveur de la défense de leurs intérêts ? Met-elle en place des processus de médiation ou de dialogue ? La qualité des indicateurs dépend de leur pertinence et de leur précision. Ce pilier inclut également l’impact social, qui peut être mesuré notamment par le nombre d’actions prises (par exemple les subventions données à des associations ou à une mairie, le montant dépensé pour se protéger d’attaques cyber, le nombre d’heures de formation contre la cybercriminalité) ou le pourcentage de financeurs audités.
2.3. Pilier 3 : La gouvernance
La gouvernance concerne l’indépendance et la neutralité du conseil d’administration, qui doit démontrer qu’il suit de près et prend la responsabilité de ses impacts extra financiers. Les critères de gouvernance font référence à la lutte contre la corruption, à la féminisation des conseils d’administration (loi dite « Copé-Zimmermann »), à la nomination d’administrateurs indépendants et à la transparence de la rémunération des dirigeants, la représentativité de la diversité des salariés, l’existence d’un comité de vérification des comptes, la transparence dans la rémunération, les actions de lutte contre la corruption, le montant des amendes que la société a dû payer en un an, etc.
(Source de l’image : Tim Swan, Unplash)
3. ESG et performance financière font-ils bon ménage ?
Plusieurs études ont démontré au cours des dernières années comment l’ESG crée autant, sinon plus de valeur, que la performance financière.
- Réduction des coûts (économies d’énergie et d’eau)
- Réduction des interventions juridiques et réglementaires
- Renforcement de la motivation des salariés (augmentation de la productivité)
- Optimisation des investissements de long terme
- Possibilités d’augmentation du chiffre d'affaires par l’innovation durable
- Accès à du capital via les fonds d’investissement à impact
Malgré des débuts modestes, les entreprises dotées de solides indicateurs ESG récoltent aujourd’hui les fruits de leurs efforts. En effet, une enquête menée par Workiva en mai 2022, auprès d’investisseurs ordinaires, montre qu’un nombre croissant de ceux-ci accordent une grande importance à ce qu'une entreprise soit alignée avec leurs convictions morales avant d'investir. A ce sujet, de nombreuses études ont depuis démontré que les entreprises les plus performantes après le COVID intègrent les critères ESG.
4. Se conformer aux critères ESG est-il obligatoire ?
L’enjeu de la qualité de l’information ESG est clef. Il s’agit d’une question de confiance entre la société et les investisseurs. La nouvelle directive européenne sur le reporting extra-financier (Article : Vous avez dit CSDR ?) et le nouveau cadre financier européen (Green Deal et taxonomie européenne : en quoi cela va changer votre vie ?) visent précisément à adresser la fiabilité des données, afin de rassurer les investisseurs et de réorienter les capitaux en accord avec les objectifs européens en matière de climat.
Avec la nouvelle Directive européenne CSRD, davantage d’entreprises devront rendre compte de leurs données extra-financières. Vous êtes concerné par le CSRD si votre entreprise coche au moins 2 des critères suivants :
- +20 millions d’euros de bilan ;
- +40 millions d’euros de chiffre d’affaires ;
- +250 salariés
4.1. Qu’est-ce que cela implique pour votre organisation ?
A terme, la directive CSDR fera en sorte que le reporting électronique harmonisé européen (ESEF), qui comporte la nouvelle taxonomie européenne, pourra être fusionné avec la Déclaration de performance extra-financière (DPEF) (S’aligner avec la Taxinomie européenne). De plus, les audits externes deviendront obligatoires à des fins de vérification de la qualité des données, ce qui impliquera deux choses :
- Organiser la collecte de données avec vos équipes de manière collaborative et ;
- prévoir des coûts pour le traitement et la vérification de ces données.
Les frameworks
Mesurer les critères ESG d’une entreprise nécessite pour elle de remplir des rapports très détaillés. Elle doit fournir les données ESG en se référant à de grands principes pour établir les bases de son reporting. Les frameworks les plus connus sont les Objectifs de développement durable ou bien le GRI et le SASB. Pour alimenter votre réflexion sur votre reporting, nous avons rédigé cet article : ESG : Les étapes pour bâtir votre politique ESG/RSE et votre stratégie de reporting.
La modélisation des risques ESG par une matrice de double-matérialité
Pour parvenir à atteindre une performance financière durable, les investisseurs exigent aujourd’hui de voir la matrice de matérialité de votre entreprise. Celle-ci permet de modéliser les différents types de risques ESG et de les hiérarchiser par niveau d’importance. Nous décrivons ce principe de matérialité dans un article Le principe de double-matérialité, moteur de la création de valeur.
Objectifs de développement durable de l'ONU Source : https://onu.delegfrance.org/L-Agenda-2030-de-developpement-durable
4.2. Comment votre déclaration de performance extra-financière (DPEF) peut-elle vous permettre de vous démarquer aux yeux des investisseurs ?
L’investissement durable et responsable est une approche d’investissement de long terme, qui intègre de manière systématique les considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Il existe deux grandes approches en la matière.
L’approche “Best in class”
L’investisseur va regarder les différents acteurs d’un secteur et choisir celui qui affiche les meilleurs résultats sur tous les critères ESG. Cette approche permet de diversifier son portefeuille.
L’approche “Best in universe”
Ici, plutôt que de regarder chaque secteur à la fois, on va mélanger toutes les entreprises de tous secteurs confondus et on va regarder lesquelles ont les meilleurs critères ESG, peu importe le secteur. Pas de diversification, mais des entreprises qui ont le plus à cœur ces critères ESG. Il ne peut pas y avoir d’entreprises appartenant à un secteur qui, par définition, est non performant en ESG (comme le secteur du charbon, par exemple).
Les critères ESG sont-ils tous les mêmes, peu importe le pays ?
Pas complètement. D’une part, les réglementations varient d’un territoire à l’autre (il existe notamment une différence entre la réglementation européenne, américaine ou asiatique, à savoir que l’Europe reste leader en la matière). D’autre part, certains pays affichent une meilleure performance sur les critères sociaux (tels que les pays de la zone euro), la gouvernance (tel que la Grande-Bretagne), ou encore sur l’éthique et la transparence (comme les États-Unis).
(Source de l’image : Ecole Centrale de Nantes Comment mesurer l’impact du numérique ? blog “L’empreinte digitale”)
6. Concernant le greenwashing
Si par le passé, le greenwashing pouvait passer inaperçu aux yeux des parties prenantes (ceux-ci n’étant pas aussi bien informés et sensibilisés qu’aujourd’hui), elle est désormais sanctionnée par la loi (lire Greenwashing : ce qu'il faut savoir). L’ADEME a créé un site dédié à la communication responsable pour permettre aux entreprises d’apprendre à communiquer sur leurs actions en faveur de la transition écologique, sans toutefois tomber dans le piège du greenwashing.
Depuis le 1er janvier 2023 la loi Climat et Résilience interdit aux annonceurs d’évoquer la neutralité carbone d’un produit ou service sans en apporter la preuve.
En conclusion, les challenges ESG d’aujourd’hui :
Une collecte de données complète et fiable.
Actuellement, la plupart des entreprises voient leurs données ESG dispersées dans différents départements. Cette division complique la collection de données, leur mise en forme et l’évaluation de l'impact ESG.
Une capacité d’anticipation des réglementations
L’environnement réglementaire, les reporting électroniques et les cadres d’analyse évoluent rapidement et présentent différents types d’exigences : alors que les conseils d'administration et les régulateurs des normes publient des exigences formelles en matière de durabilité, les frameworks utilisés par les organisations pour relayer cette information ESG peuvent varier d’une entreprise à une autre.
Des risques d’impact fort sur l’entreprise
Un reporting ESG inefficace peut affecter la cote boursière de l’entreprise et sa réputation. L’absence de reporting (et donc de mesure) peut affecter la planète, la société et la confiance du public. Le reporting ESG comporte donc sa part de risque en lui-même, mais l’inaction comporte un risque encore plus élevé. Or, la plupart des organisations n’ont pas mis en place de process pour anticiper ces risques.
Le choix des frameworks, des experts et des outils de reporting ESG
dans un marché changeant et complexe s’avère être un challenge en lui-même.
Même si le passage à ces nouvelles normes peut sembler ardu et périlleux, le temps et l’importance que vous accordez à cette réflexion vous permettront d’effectuer des choix stratégiques durables. Le choix de vos outils de reporting vous permettra d’intégrer les critères ESG plus rapidement dans votre démarche de transformation durable. IL vous permettra également d’anticiper les changements de réglementation et de piloter de façon dynamique votre stratégie de transformation durable. L’expertise-conseil peut aussi vous permettre de gagner un temps précieux.
Auteur : Marie-Christine Aubin
Pour aller plus loin :