Les scopes 1, 2 et 3 dans le bilan carbone aujourd'hui
Depuis l’Accord de Paris sur le climat, il n’est plus possible pour les entreprises d’éviter la question de la mesure de l’empreinte carbone et du réchauffement climatique. Avant cela, il s’agissait d’une question qui n’était pas centrale, considérée comme opérationnelle, car sans impact sur le bilan financier des entreprises. De plus, avant la toute première conférence de l’ONU pour le climat en 1992 à Rio, ce n’était même pas un sujet et avant 2020, les entreprises qui investissaient dans leur bilan carbone étaient pionnières. La mesure n’étant ni facile, ni véritablement établie, en termes de protocole, il a fallu élaborer un outil de mesure de nos émissions de gaz à effet de serre. C’est ainsi que le GHG Protocol (Greenhouse Gas Protocol) est né en 2001. Il a été élaboré par le WBSDC (Conseil mondial des entreprises pour le développement durable) et le WRI (Institut des ressources mondiales), qui inclut la mesure des 6 principaux gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Plusieurs acteurs internationaux (gouvernements, ONG, etc.) se sont mobilisés pour sa mise en place. Aujourd’hui, la vertu des entreprises entre aussi en compte dans la mesure de la performance économique ! Afin d’atteindre une performance globale et durable, il s’agit par conséquent d’un indicateur clef de performance environnementale au regard des critères extra-financiers.
Le bilan carbone s’envisage sur le plan international. Il existe différents outils de mesure et certains ne sont pas obligatoires. Cela dit, la meilleure stratégie de long-terme consiste à évaluer des indicateurs selon une approche globale du bilan carbone, une approche qui tient compte des émissions directes et indirectes, des externalités positives et négatives, de l’impact non seulement environnemental, mais aussi social, en amont et en aval. Le dernier rapport du GIEC nous démontre que le business as usual actuel correspond au scénario d’augmentation des émissions de +3,2°C au-dessus du niveau de 1990, alors que l’objectif initial fixé par le Protocole de Kyoto (signé en décembre 1997) était de ne pas dépasser les 1,5°. Celui-ci dresse un constat d’échec par rapport à notre capacité de mise en œuvre d’une action collective efficace au niveau mondial pour éviter une augmentation de plus de 1,5° d’ici la moitié du siècle. Tout retard dans la mise en œuvre d’une action concertée, globale et anticipée en faveur de l’adaptation nous fera rater la courte fenêtre d’opportunité qu’il nous reste pour garantir un avenir durable et souhaitable pour tous.
Cela signifie que le bilan carbone est devenu désormais un levier stratégique de pérennité financière et de performance globale des entreprises.
Quel est le rôle du scope 3 dans le bilan carbone ?
Contrairement à certaines idées reçues, la mesure du scope 3 ne se résume pas à remplacer un Data Center par l’utilisation d’un Data Center green ou encore à prendre en compte les déplacements professionnels de vos employés. Pour expliquer ce que sont les scope 1, 2 et 3 simplement, prenons l’exemple d’une boulangerie.
L'équipe de la boulangerie Corbeille à pain cherche à faire le bilan carbone de sa fameuse baguette traditionnelle. Voici comment elle mesurera ses émissions de gaz à effet de serre.
- Première étape : Elle doit mesurer ses émissions directes, celle qu’elle émet en cuisant le pain avec un four à gaz. Ce sont les émissions du Scope 1.
- Deuxième étape : Elle doit évaluer ses émissions indirectes liées à l'énergie électrique (pour chauffer le magasin, ou garder au frais ses fameuses baguettes). Cette énergie électrique, il faut bien la produire à partir d'une énergie dite "primaire" (pétrole, charbon, gaz, nucléaire, renouvelable). Ce sont les émissions du Scope 2.
- Troisième et dernière étape n’est pas la moindre, puisqu’elle est celle qui représente la part la plus importante des émissions de carbone. Elle représente los émissions indirectes liées à l’activité de la boulangerie : les émissions liées au transport la notre farine, des dépôts de pain, les déplacement professionnels des employés, mais aussi la gestion des déchets (et oui on a beau faire du pain de la veille, on perd aussi un peu de pain tous les jours). Ce sont les émissions du Scope 3.
Pourquoi le Scope 3 importe-t-il tant à la mesure d’impacts ? A quelles catégories du GHG Protocol cela correspond-t-il ?
Pour l’instant, la loi n’oblige pas à intégrer le scope 3, qui est apparu en 2011. Pourtant, il s’agit du meilleur moyen d’avoir un impact positif pour les entreprises, afin d’être carboneutre. On pourrait dire que l'une des principales difficultés pour les entreprises est d'évaluer l'impact carbone sur toute la chaîne de valeur.
C’est simple : le scope 3 tient compte des émissions carbone en amont et en aval du processus. Comment mesurer son empreinte sur ces 15 catégories afin de valoriser son impact positif ? Le Scope 3 mesure les émissions dites indirectes, sur toute la chaîne de valeur. Il s’agit de la part la plus importante d’émissions de GES de l’activité d’une entreprise. Cependant, il s’agit aussi d’une catégorie de calcul des émissions qui peut être un peu plus laborieuse à évaluer, notamment sur la partie numérique.
Quel outil pour évaluer son bilan carbone numérique ?
Il existe des outils d’évaluation automatisés de l’impact environnemental et social des applications numériques des entreprises qui permet aux entreprises d'évaluer le Scope 3 sur l'usage des applications numériques.
Fruggr le fait en évaluant le coût énergétique et l’impact environnemental du matériel utilisé par les visiteurs sur les sites et apps. En fonction du temps passé par le visiteur, des pages consultées, du matériel utilisé, de sa localisation, on est capable d'évaluer le coût énergétique de chaque visiteur et ensuite de cumuler le coût énergétique de tous les visiteurs afin que l'entreprise sache combien elle impacte indirectement.
On évalue également l'impact environnemental du matériel : on sait si le visiteur utilise un PC, un smartphone, une tablette, on connait le facteur d'impact moyen de fabrication de chacun, on connait la durée de vie moyenne de chaque type de matériel et on amortit le coût de fabrication au prorata du temps passé par le visiteur sur le site.
En se basant sur des critères établis par plusieurs référentiels d’écoconception, tels que le RGESN ou encore le Bilan Carbone (ADEME 2004) , il devient possible de mesurer et de valoriser l’impact positif en allant un peu plus loin que la seule mesure du bilan carbone, car en plus, Fruggr mesure l’empreinte sociale et l’accessibilité. Du temps bien investi qui permet s’inscrire concrètement dans une démarche de numérique responsable pour effectuer un virage numérique inclusif à impact positif.
Auteur : Marie-Christine Aubin