Comment le GreenOps contribue à la réduction de l'empreinte carbone du Cloud
Afin de maintenir leur compétitivité, les entreprises sont soumises à des demandes de plus en plus pressantes en matière d'agilité et d'innovation. Les DSI sont désormais perçues comme des fournisseurs de services pour les différentes activités de l'entreprise et le cloud computing, avec sa proposition de mutualisation, scalabilité et souplesse, représente l'un des principaux moteurs de l'innovation digitale. Depuis quelques années on parle même d’une stratégie Move to cloud (en remplacement d’un data center en propre), largement mise en place dans les grandes entreprises. Levier de performance, le Cloud a cependant un coût environnemental conséquent, en raison notamment de la grande quantité d'énergie nécessaire pour fabriquer puis pour alimenter les centres de données qui hébergent les services cloud mais également sur sa consommation d’eau pour maintenir son infrastructure.
Si le cloud a pu déjà développer de larges solutions d’optimisation, il existe au niveau de l’entreprise des possibilités d'amélioration : en suivant la méthodologie GreenOps, il est possible de réduire l'empreinte Cloud de 20% ou plus. Cette approche permet d'identifier les ressources sous-utilisées ou inutilisées, de préférer des localisations bas-carbone, afin d'optimiser leur utilisation et de réduire l'empreinte carbone et environnementale des systèmes informatiques de l'entreprise, avec un gain économique à la clé.
Qu’est-ce que le GreenOps ?
GreenOps est un cadre permettant aux organisations de commencer à analyser les conséquences environnementales de leurs initiatives informatiques, tout en encourageant la responsabilité environnementale à tous les niveaux de l'entreprise. Il fait écho à FinOps, une autre démarche consacrée quant à elle à la dimension financière de la gestion et de l’optimisation des coûts du Cloud.
Ces pratiques peuvent être appliquées à différents secteurs et industries, y compris des services publics, institutions gouvernementales ou entreprises manufacturières. Les avantages de la mise en place de pratiques GreenOps sont multiples : réduction des coûts d'exploitation, amélioration de la réputation de l'entreprise et de l’engagement des collaborateurs, conformité aux réglementations environnementales, et avant toute chose : contribution à la lutte contre le réchauffement climatique.
Derrière le mirage du cloud : une pollution numérique conséquente
Nous parlons souvent du cloud comme si les données étaient hébergées quelque part dans le ciel, comme son nom pourrait le laisser imaginer avec poésie. En ne les considérant pas comme une entité physique, de nombreuses organisations ne tiennent pas compte de l'impact qu'elles ont sur l'environnement. En réalité, le cloud est constitué de plus de 7,2 millions de centres de données gourmands en énergie à travers le monde, consommant en permanence d'énormes quantités d'électricité et des millions de litres d'eau pour être refroidis.
En 2010, les cloud data centers représentaient 10% de la consommation électrique des centres de données, un pourcentage qui devrait atteindre les 60% en 2025 selon un rapport de la Commission Européenne datant de 2020. A cette date, la consommation énergétique des cloud data centers devrait représenter 12% de la consommation énergétique de l’ensemble des centres de données de l’Union Européenne.
En d’autres termes, nous ne pouvons plus nous permettre de considérer le cloud comme une entité éthérée et invisible, sans impact réel sur l'environnement, alors que les centres de données devraient connaître une croissance spectaculaire au cours des prochaines années (selon le dernier rapport de l’ADEME et de l’Arcep) à mesure que de plus en plus d'aspects de la vie personnelle et professionnelle seront numérisés.
Dans un contexte où l'utilisation du Cloud devient de plus en plus conséquente au sein du marché de la gestion des données numériques, nous devons être en mesure de questionner les fournisseurs de services cloud sur leur maîtrise de l'empreinte carbone de leurs services et leur contribution à l'objectif de neutralité carbone planétaire.
Les deux axes d’action du GreenOps
Le GreenOps vise à optimiser la consommation énergétique des services Cloud en se concentrant sur deux aspects clés : l'optimisation architecturale du Cloud, qui inclut à la fois le design fonctionnel et les choix d'implantation physique du cloud dans le monde réel, ainsi que l'optimisation du code informatique.
Optimisation de l’architecture IT
Pour optimiser la consommation énergétique dans les services Cloud, le design de l'infrastructure de support est crucial. Le GreenOps conseille ainsi de choisir des technologies informatiques et de réseaux économes en énergie et de dimensionner correctement les serveurs en fonction du besoin réel de calcul et de trafic. Il peut également être utile de se demander si certains services ou données demandent vraiment à être en ligne 24 heures sur 24. Il est en effet possible d'arrêter temporairement les ressources pendant les périodes creuses. Le choix des emplacements pour déployer l'infrastructure est également important : il est recommandé de privilégier les régions disposant d'une source d'électricité renouvelable et en minimisant l'impact environnemental de la climatisation et de la construction de salles blanches.
Optimisation du code et refonte de l’architecture logicielle
Autre axe recommandé par GreenOps : l'optimisation du code. Au fil du temps, les ressources informatiques sont devenues moins coûteuses et l'optimisation du code a été remplacée par une optimisation des coûts de développement. Cependant, la nécessité de prendre en compte l'impact environnemental du logiciel est devenue essentielle, en particulier avec la complexité des algorithmes. Dans la même veine, le choix du langage et des outils de programmation est également important pour optimiser la gestion de la mémoire. Il est cependant important de souligner que l’optimisation d’un code en elle-même ne permet généralement pas de gros gains en termes de performance ou de consommation. C’est bien la refonte de l’architecture logicielle et la dénormalisation qu’elle implique qui aura le plus d’impact. La réécriture de code dans certains langages peut également être utile, mais elle demandera une formation ou une spécialisation des équipes et l'abandon du code existant.
L'optimisation de l'impact d'un service numérique est rendue possible en utilisant la technologie la plus appropriée pour chaque besoin, en faisant des compromis et en remettant régulièrement en question les choix faits.
Les mesures d’efficacité complétant le GreenOps
Le GreenOps ne peut cependant pas être considéré comme complet sans l'inclusion de plusieurs autres mesures d'efficacité telles que le PUE (Power Usage Effectiveness), qui reflète l'efficacité énergétique d'un centre de données, et le CUE (Carbon Usage Effectiveness), qui compare les émissions totales de CO2 causées par la consommation d'énergie totale du centre de données et la consommation d'énergie des équipements informatiques. En outre, l'ERF (Energy Reuse Factor), qui indique le pourcentage d'énergie réutilisée par rapport à l'énergie totale consommée dans un centre de données, est également un indicateur important à prendre en compte.
Une méthodologie adaptée à chaque organisation
Vous l’aurez compris, le but du GreenOps consiste à fournir aux entreprises une méthode, des indicateurs et des outils pour réduire efficacement et durablement leur empreinte écologique en lien avec l'utilisation du Cloud Computing.
Il est cependant important de rappeler que le GreenOPS est une approche adaptable et qui peut être personnalisée selon les besoins spécifiques des entreprises. Il est maintenant de la responsabilité de chaque acteur de se familiariser avec cette approche, de définir les processus nécessaires pour la mettre en place en fonction des besoins, et de la promouvoir au sein de l'entreprise pour sensibiliser chacun à l'impact environnemental du numérique. La mise en action d’une approche GreenOps peut comprendre :
- L’intégration d’outils de suivi de la consommation énergétique et de l’empreinte carbone des services Cloud
- Une architecture éco-responsable de l’infra visant à minimiser la consommation d'énergie
- Une approche proactive visant à éviter le gaspillage de ressources, qui peut être combinée avec le FinOPS pour optimiser les coûts opérationnels
- Un modèle opérationnel responsable de monitoring de l'état de l'infrastructure et de l'optimisation de sa consommation d'énergie
- L’automatisation de la prise en compte des bonnes pratiques GreenOps lors de la conception et de l’implémentation des applications
- Le choix du reconditionné ou du BYOD (Bring Your Own Device) lors de la prise de besoin en nouveaux équipements numériques
Implication des équipes : la clé du succès de la méthodologie GreenOps
Pour que la méthodologie GreenOps soit couronnée de succès, il ne suffit pas de suivre rigoureusement toutes les bonnes pratiques. Il est également nécessaire, et même essentiel, de développer une culture d'entreprise en accord avec ces problématiques. Au-delà des recommandations appliquées pour l’amélioration de l’empreinte carbone du Cloud, la transition écologique de l'ensemble d'une infrastructure informatique implique de faire du Numérique Responsable un principe fondamental.
Il est crucial d'intégrer la décarbonation ainsi que l'amélioration de l'empreinte environnementale du numérique en tant que KPI (indicateur clé de performance) au même titre que la croissance du chiffre d'affaires et la satisfaction des clients, afin d'inculquer la responsabilité et la sobriété numérique dans les valeurs de l’entreprise. S'engager dans une démarche d'amélioration de l'empreinte environnementale du Cloud peut également donner un nouveau sens à l'activité des équipes de la DSI.
En conclusion, la mise en pratique d’une approche GreenOps demande l’implication de tous les acteurs de l’entreprise. Pour cela, il est nécessaire de sensibiliser l’ensemble des parties prenantes, et de définir une feuille de route pertinente et pérenne. Digital4better, éditeur de la solution fruggr, accompagne les entreprises afin de les aider à mettre en place des actions concrètes (la pratique GreenOps faisant partie des leviers d’action et des KPIs remontés dans fruggr) au sein de l’organisation afin qu’elles s’engagent dans la durée pour un numérique plus responsable, éthique et durable.