Retour sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) avec Stefan Cosquer
Stefan Cosquer, développeur et cofondateur de Digital4better (éditeur de la solution fruggr) vous présente aujourd’hui ce qu’est la fameuse ACV, l’Analyse du Cycle de Vie. Comment la réalise-t-on, quel est son objectif et comment peut-elle être réalisée pour un service numérique ? Suivez le guide.
Qu’est-ce qu’une ACV ?
L'Analyse du Cycle de Vie (ACV), c’est une méthode qui permet d'examiner les impacts d’un produit ou d’un service tout au long de son cycle de vie. Cette approche multicritère ne se limite pas à l'empreinte carbone, mais prend en compte tous les impacts environnementaux, tels que : la consommation d'énergie, l'utilisation de ressources naturelles, la production de déchets et les émissions dans l'air, l'eau et le sol.
Pour information...L’ACV est une méthode d’analyse normalisée. Autrement dit, elle est encadrée par les normes internationales ISO 14040 et ISO 14044. Ces normes énoncent les principes, les exigences et les modalités de cette méthode.
De nombreuses entreprises et fabricants, y compris des géants comme Apple et Google, effectuent leur propre ACV pour déterminer l'empreinte carbone de leurs produits, souvent dans un souci de transparence ou dans un objectif communicationnel. L'objectif final de l’ACV demeure avant tout de trouver des moyens d'améliorer la durabilité et de réduire leur impact sur l'environnement d’un produit ou d’un service.
L'ACV : 4 étapes pour une analyse réussie du cycle de vie des équipements numériques
La réalisation d'une Analyse du Cycle de Vie implique la mise en place d'un processus structuré en quatre étapes bien distinctes : \
- La définition de l’objectif
- L’inventaires des données
- L’évaluation des impacts
- L’interprétation des résultats
1. Définition de l’objectif de l’ACV
Pourquoi réaliser une ACV ?
L'Analyse du Cycle de Vie est un outil clé pour évaluer les impacts environnementaux d'un produit ou d'un service à chaque étape de son cycle de vie, de la production à la fin de vie. Mais quelles sont les raisons spécifiques qui motivent les entreprises à réaliser une ACV ?
- Afin de réaliser des produits ou services écoconçus
L'ACV est souvent utilisée dans le cadre d’un projet d'écoconception, pour permettre de se projeter et de concevoir des produits ayant un impact environnemental réduit dès leur création. - Afin de comparer deux produits ou services entre eux
L'ACV peut aussi être utilisée pour comparer deux produits ou services similaires et évaluer leur impact environnemental respectif. Cette analyse comparative permet de déterminer quel produit est le plus écoresponsable, et se servir de ce dernier comme référence pour les produits à venir. - Afin de communiquer sur un produit à l’empreinte environnemental réduite
Les entreprises utilisent fréquemment l’ACV à des fins de communication pour mettre en avant les résultats environnementaux positifs obtenus dans le cadre de la fabrication ou du transport de ses produits. Cette communication transparente peut contribuer à améliorer l'image de marque de l'entreprise et à renforcer la confiance des consommateurs. - Afin s’impliquer dans une démarche Numérique Responsable
L’objectif final d’une ACV est de s’ancrer dans un mouvement de sobriété et de frugalité numérique : à savoir d’agir concrètement en faveur de la réduction de son empreinte numérique. Dans le cadre d’une stratégie numérique responsable et RSE/ESG les entreprises peuvent sensibiliser leurs collaborateurs à l’intérêt d’un numérique plus vertueux tout en communiquant à son audience les actions réalisées en ce sens.
Un outil comme fruggr s’appuie sur des outils comme l’ACV afin d’améliorer l’empreinte environnementale et sociale des produits et services qu’il analyse. La frugalité et la sobriété numérique étant au cœur de notre activité, l'Analyse du Cycle de Vie est une démarche qui a été intégrée lors de la conception même de la solution fruggr.
Comment définir le cadre d’une Analyse du Cycle de Vie ?
Avant toute chose : une Analyse du Cycle de Vie (ACV) implique la définition du périmètre de l'analyse. Pour garantir une analyse pertinente, il est donc important de définir une frontière claire pour notre système, afin de ne pas inclure ou exclure des données de manière arbitraire.
Il est également important de définir les coupures, c'est-à-dire les éléments qui sont négligeables et qui ne seront pas pris en compte dans l'étude.
L'objectif ? Se concentrer sur l'essentiel afin de fournir une analyse précise et pertinente de l'impact environnemental d'un produit ou d'un service sur l'ensemble de son cycle de vie.
Comment comparer correctement les différents éléments d’une ACV ?
Afin d'éviter toute comparaison inappropriée, on déterminera une Unité Fonctionnelle. Lorsque la comparaison entre des produits ou des services s'avère difficile, l'UF devient alors indispensable. Pour ce faire, il est nécessaire de ramener l'utilisation d'un produit ou d'un service à une fonctionnalité spécifique, à un service rendu particulier. Ainsi on quantifiera l'objet étudié en précisant les éléments suivants : quoi, combien, quand et pendant combien de temps. En se concentrant sur un scénario précis, on accroît la pertinence et la précision de l'analyse.
2. Inventaire des données : recenser les “entrants” et les “sortants”
L’inventaire permet de recenser tous les entrants (matières, énergie), tous les sortants (radiation, GES) ainsi que les facteurs d’émission. Au cours de cette phase, l'objectif est de collecter autant de données que possible, même si elles ne sont pas toutes exhaustives. Il est souvent nécessaire d'explorer davantage pour obtenir des données plus précises ou de les générer soi-même. En cas d'absence de données, il est important d'établir de nouvelles règles de coupure pour les données manquantes, tout en s'adaptant aux contraintes spécifiques de la situation.
Les différents types d’ACV
En raison de ces variations d’accessibilité aux données, il existe différents types d’ACV, qui peuvent prendre de quelques jours à quelques mois (voir même une année complète).
- L’ACV Screening, qui offre des résultats d’inventaire très rapides, mais avec une précision relative (uniquement avec les données préexistantes).
- L’ACV simplifiée, déjà plus poussée et réalisée sur la base de données avec facteurs d’émission et d’impact beaucoup plus précis
- L’ACV complète, où le maximum de données les plus précises possibles seront collectées, et où une revue critique de l’ACV sera faite.
3. Evaluation des impacts environnementaux et sociaux
Après avoir dressé la liste complète du cycle de vie, on obtient une vue détaillée des sortants, tels que les émissions de CO2 ou de méthane. Cependant, il est important de déterminer une référence pour évaluer si ces chiffres sont préoccupants ou au contraire acceptables. Il est donc nécessaire de comprendre quels sont les impacts réels associés à ces émissions. Deux méthodes existent pour analyser les impacts :
La méthode midpoint
La méthode “mid point” traduit les entrants et sortants en impacts “problématiques” (dépendant de l’état des connaissances actuel) : changement climatique, rayonnements ionisants, eutrophisation, épuisement des ressources...Cela permet de déterminer quel est l’impact spécifique du produit ou du service.
La méthode endpoint
La méthode “end point” quant à elle, repart des impacts et détermine des dommages potentiels (sur la santé, sur l’environnement, les ressources naturelles...). Cela permet de restreindre encore un peu plus le périmètre et d’afficher d’une façon encore plus simple les impacts réelles du cycle de vie du produit ou du service.
4. Interprétation des résultats de l’ACV
Maintenant que les impacts sont évalués, il sera possible d’envisager la meilleure mise en action possible dans le cas d’un produit écoconçu, et d’axes d’amélioration dans le cas d’un produit ayant déjà vu le jour. Il est important dans ce cas-précis de faire attention à l’effet rebond (ce sont tous les effets secondaires suite à la mise en place d’une amélioration) et d’éviter les conclusions hâtives qui peuvent mettre l’équipe responsable de la conception sur la mauvaise voie.
Et les services numériques, alors ?
Dans le cadre de l'ACV d'un service numérique, il est nécessaire de prendre en compte les impacts environnementaux de toutes les étapes impliquées, y compris les tiers intervenant dans le fonctionnement du service. Cela inclut les terminaux, les réseaux, les data centers et les services externes tels que les réseaux sociaux, Google Analytics ou Google Ads.
Attention cependant : les impacts environnementaux des équipements tels que les ordinateurs et les smartphones ne sont pas pris en compte car ils n'ont pas été créés pour le service en question. Seule la part liée à l'utilisation du service est concernée par l‘ACV.
L'analyse de l'ACV ne se limitera pas à l'utilisation du logiciel, mais prendra également en compte son cycle de vie virtuel, qui comprendra la conception et le développement, la mise en ligne, l'interaction avec l'utilisateur et la suppression de données. Cette approche permet de distinguer les impacts environnementaux spécifiques de cha