Ethique du numérique en 2023 : un état des lieux
L’évolution constante du numérique et l’avènement du big data représentent des transformations majeures qui ouvrent la voie à l'innovation et à des changements profonds au sein de nos sociétés. Cependant, pour que cette vague d'innovation se traduise par un progrès positif pour les individus, il est essentiel de veiller à ce que chacun puisse en tirer parti de manière éclairée et réfléchie. C’est dans ce cadre que l’éthique prend sa place : décrite comme “la science de la morale”, elle s’applique au numérique en se concentrant sur les conséquences de l’usage du numérique sur l’individu.
Il est important de dépasser la simple définition de l'éthique du numérique et de se pencher sur ce que nous souhaitons y inclure. Surveillance, infobésité, anonymat...sont autant de problématiques qui s’ajoutent à la question de l’éthique du numérique au fil de l’évolution des technologies de l’information et de la communication D’où la nécessité de comprendre quel est l’état des lieux en 2023, et qu’en sera-t-il demain.
Comment se traduit l’éthique du numérique aujourd’hui ?
Nous vivons aujourd'hui dans un contexte dans lequel le numérique est à la fois porteur d’opportunités et de problématiques. Il modifie de manière durable notre perception individuelle et collective de la connaissance, de la mémoire, de l'espace, de la propriété, des rapports sociaux et politiques, de la santé, du travail ou encore de l'environnement. Lorsqu'il est encadré de manière adéquate, le numérique a le potentiel de contribuer aux objectifs de développement durable, en particulier en ce qui concerne la justice sociale, la culture, l'éducation et la préservation de l'environnement.
Actuellement, quelles sont les actions entreprises pour assurer une utilisation responsable du numérique ?
Qu’est-il mis en place afin de s’assurer que le rapport à soi et aux autres au sein des sphères numériques restent sains, que l’autonomie des personnes est respectée et la fracture numérique évitée et que les utilisateurs restent souverains dans leurs choix. Enfin, comment notre société œuvre aujourd’hui à maintenir la soutenabilité sociale, économique et environnementale du numérique ?
Protection de la vie privée et des données personnelles
Plusieurs réglementations européennes comme françaises et lois ont été mises en place au cours des dernières décennies pour répondre à la problématique de la confidentialité et de la sécurité des informations numériques. En effet, dans une ère où les informations personnelles prolifèrent, il est primordial d’encadrer les pratiques de collecte, d’utilisation et de partage de données. On peut notamment mentionner :
- Le Règlement Général sur la Protection des Données, qui encadre le traitement des données personnelles dans l’Union Européenne. Il est relativement récent (avant une entrée en vigueur en 2018), et prévoit des sanctions pénales en cas de non-respect.
- Les règlements européens DSA (règlement sur les services numériques) et DMA (règlement sur les marchés numériques) adaptés par la France en 2022 ont été mis en place pour éviter les abus des géants du numérique en termes de collecte de données.
Ces réglementations s’assurent que le consentement clair des utilisateurs est respecté et que des politiques de confidentialité détaillées sont mises en place sur les plateformes numériques. En favorisant la transparence et en donnant aux individus un contrôle sur leurs propres informations, nous créons un environnement propice à des choix éclairés et responsables de la part des utilisateurs.
Responsabilisation des innovations technologiques
Bien que les avantages de l'IA et du machine learning soient indéniables, il est également incontestable que les risques associés à ces technologies persistent. Les préoccupations des acteurs du numérique sont aujourd’hui liées à la fiabilité de l'utilisation de l'IA et du machine learning, à la compréhension des algorithmes et à la menace croissante de biais dans les prises de décision. En effet, les algorithmes peuvent assimiler les concepts de racisme et de discrimination, il est donc urgent d’assurer que l’équité et la neutralité soit intégrée à ces nouveaux systèmes intelligents.
En revanche, il convient de souligner que des réglementations commencent à voir le jour. Le 21 avril 2021, la Commission européenne a dévoilé l'AI Act (Artificial Intelligence Act), un projet de réglementation sur l'intelligence artificielle. Cette initiative a pour objectif de mettre en place un cadre réglementaire visant à garantir que l'intelligence artificielle soit fiable, transparente, axée sur l'humain, durable et inclusive. Elle est actuellement étudiée par le parlement européen, c’est donc un chantier à suivre de près.
“Il est crucial que ces deux grands textes (le RGPD et le AI Act) marchent main dans la main, pour bénéficier autant aux citoyens qu’aux entreprises européennes, en permettant à l’industrie européenne de l’intelligence artificielle de prospérer.” Marie Laure Denis, présidente du CNIL
Au-delà de l’IA, les concepteurs, les développeurs et les entreprises de manière généraledoivent être conscients de l'impact potentiel de leurs produits et services numériques sur la société et lutter contre la désinformation, et la manipulation en ligne.
Un numérique qui cherche à réduire son impact social et sociétal
Au-delà de l’impact environnemental du numérique que nous connaissons désormais, la dimension sociale et sociétale de son impact doivent être également pris en compte, dans sa conception comme dans son usage. La préoccupation d’une éthique au sein du numérique implique notamment l’application de réglementations autour de l’accessibilité et de l’inclusivité, telles que le RGAA et le WCAG. Aujourd’hui, des démarches numériques responsables émergent, dépassant le cadre de la simple réduction de l’empreinte carbone pour inclure aussi les principes d’équité et d’inclusion de tous les utilisateurs.
Cela se traduit notamment par la promotion d’un "bon usage" des outils numériques, par la lutte contre la fracture numérique et par le développement d’un numérique éthique “by design” qui intègre ces enjeux dans la conception même des produits et services numériques. Aujourd’hui, les entreprises peuvent entamer le travail d’un numérique plus éthique en réalisant en premier lieu une analyse complète de leur empreinte numérique avec des solutions de mesure globale comme fruggr.