En quoi la Recherche et Développement au sein de fruggr redéfinit notre vision de l’impact numérique
Au sein de l'écosystème du Numérique Responsable, la Recherche & Développement joue un rôle central en tant que moteur pour progresser dans la compréhension d'une problématique émergente : l'impact environnemental du numérique. Et le limiter à l’empreinte carbone serait omettre bien d’autres aspects cruciaux (eau, acidification, ressources abiotiques, etc.) De nouvelles données et études émergent constamment, nous permettant d’agir chaque année de manière plus efficiente et précise sur l’empreinte environnementale globale du numérique.
Estelle Geffard, chercheuse en R&D au sein de digital4better (éditeur de la solution fruggr), évoque son travail de recherche sur l’impact du numérique et notamment sur le nouveau moteur d’empreinte de fruggr, qui fait gagner en précision les indicateurs environnementaux de la solution d’évaluation.
En quoi la R&D est essentielle à la cause du Numérique Responsable ?
À l'heure actuelle, le domaine de la Recherche et Développement (R&D) axé sur l'impact environnemental du numérique est en forte accélération. C’est pourquoi nous sommes dans une démarche d’amélioration continue, avec les données dont on dispose, et cherchons toujours à les compléter, à innover. La R&D est essentielle à la mission que digital4better (éditeur de la solution fruggr) s’est donnée, à savoir contribuer à une réduction de l’impact du numérique en disposant des indicateurs environnementaux les plus précis possibles.
Pour ce faire, nous rassemblons les connaissances provenant d'études menées à travers le monde. Il est essentiel de constamment remettre en question les différentes idées, de les challenger et de choisir des méthodes ou des sources avec lesquelles nous sommes en phase et que nous pouvons expliquer clairement.
Pourquoi est-il trompeur de limiter l’empreinte du numérique aux émissions de CO2 ?
Il est important d'aborder l'empreinte du numérique de manière holistique, en tenant compte de toutes les catégories d'impact. Bien que les émissions de gaz à effet de serre soient une composante de cette empreinte, d'autres aspects méritent également une analyse, comme les répercussions sur la santé humaine et la biodiversité. Certaines étapes du cycle de vie des équipements et services numériques auront un impact faible sur le carbone, mais un impact significatif sur d’autres aspects.
En quoi la nouvelle version du moteur d’empreinte environnementale de fruggr gagne-t-elle en précision ?
Cette V2 de notre moteur d’empreinte traite neuf indicateurs différents de l'impact environnemental. Ces indicateurs englobent le changement climatique (émission de carbone), l'acidification des eaux de surface et des sols, l'écotoxicité des eaux douces, la toxicité humaine à effets non cancérigènes, la toxicité humaine à effets cancérigènes, les émissions de particules fines, les émissions de substances ionisantes, l'utilisation de la ressource en eau et l'épuisement des ressources naturelles.
Ainsi, le moteur d'empreinte couvre trois catégories d'impact : les dommages écologiques, les dommages sur la santé humaine et les dommages liés à la diminution des ressources.
Quel est l’objectif de ce nouveau moteur d’empreinte ?
Le but pour nous est de proposer un modèle au plus proche des connaissances dont on dispose aujourd’hui sur l’impact du numérique. Mais aussi de prendre en compte les indicateurs abandonnés habituellement, par faute de données sur le sujet. fruggr va donc gagner en précision et en pertinence quant aux indicateurs environnementaux qui permettent d’évaluer l’empreinte des systèmes d’information et des services numériques.
Notre intention est de présenter un modèle de moteur d'empreinte extrêmement approfondi. Pour cela, nous cherchons à rendre compte de tous nos choix et à justifier la logique sous-jacente à ces calculs. Notre but est de soumettre ce modèle à un examen critique externe, afin de bénéficier d'un regard extérieur pour validation et pour éventuellement remettre en question certaines aspects. Ce que nous faisons déjà auprès de l’organisme tiers Images & Réseaux qui valide notre R&D.
Quels sont les défis rencontrés lors de l'identification et de l’évaluation de ces indicateurs ?
Il existe très peu d'études et de sources disponibles sur les impacts du numérique (mis à part l’empreinte carbone). Quelques bases de données sont accessibles, mais elles affichent un niveau de crédibilité relativement faible. Nous devons aussi faire face à un manque de données, qui a pu nous pousser à mettre de côté certains indicateurs pour garder ceux dont nous pouvons garantir la pertinence.
Un autre défi est celui de la méthodologie. Il en existe plusieurs, ce qui nous oblige à effectuer des choix. Une fois la méthodologie appliquée, nous devons recueillir et parfois même générer les données. Par exemple, pour réaliser une Analyse du Cycle de Vie (ACV), nous devons décomposer la structure d'équipements numériques. Nous créons ensuite des indicateurs relatifs à la production d'électricité et à son impact sur les particules fines, en se basant sur les données de la consommation électrique mondiale et des mélanges énergétiques propres à chaque région. Les données générées seront d’ailleurs prochainement en accès libre sur la plateforme GitHub, dans le cadre de notre volonté de promouvoir l'open data, et ainsi favoriser l'évolution de l'ensemble de l'écosystème.
Quelle est votre vision de l'évolution de la recherche et des actions dans le domaine du Numérique Responsable au cours des prochaines années ?
Le champ de la recherche sur l'impact du numérique évolue grâce à la participation active d'un grand nombre d'experts en informatique. Il y a une véritable de conscience vis-à-vis de l’impact du numérique, ils sont donc de plus en plus nombreux à s’engager dans la recherche à ce sujet.
De nouveaux doctorants intègrent les laboratoires et apportent avec eux cette thématique. Toutefois, cet environnement reste encore en phase de développement, avec un écart manifeste entre les activités en laboratoire et leur application concrète dans les entreprises. Pour combler ce manque, il est essentiel favoriser une meilleure collaboration entre les laboratoires de recherche et les équipes de R&D en entreprise.