Naviguer responsablement : le choix des moteurs de recherche alternatifs
Encore aujourd’hui, Google règne en maître sur le royaume des moteurs de recherche, offrant une interface simple, des résultats pertinents et une efficacité remarquable.
Selon les statistiques de Statcounter de janvier 2023, Google est utilisé par 91% des internautes en France. Cependant, derrière cette apparence familière se cache une réalité moins réjouissante. Empreinte carbone conséquente, collecte de données personnelles...l’impact nocif généré par l’utilisation des services numériques et en particulier des moteurs de recherche demeure méconnu. Pourtant, il est possible de naviguer de manière à préserver la planète comme son anonymat, par le biais de nouveaux moteurs de recherche écoresponsables et éthiques.
Quid de l’empreinte environnementale de la recherche sur Internet ?
Selon les recherches du chercheur de Harvard, M. Wissner-Gross, chaque recherche effectuée sur Google génère environ 7 g de CO2. Lorsqu'on multiplie ces 7 grammes par un minimum de 200 millions de requêtes par jour tout au long de l'année, cela équivaut à un total de 511 millions de kilogrammes de CO2 par an. Comment une requête semblant immatérielle peut-elle générer une quantité telle de carbone ?
Cela est principalement dû à l'immense réseau de serveurs et de data centers nécessaires au fonctionnement d’un mastodonte comme Google. Ces centres de données nécessitent d’être refroidis pour éviter la surchauffe, et la quantité massive d’électricité fournie pour y parvenir provient d’énergies fossiles non-renouvelables.
De manière plus générale, le secteur numérique a un impact environnemental significatif, contribuant à hauteur de 2,5% de l'empreinte carbone de la France, selon les estimations de l'ADEME. Il existe cependant des moyens de compenser cet impact par le biais de moteurs de recherche dits “écologiques”.
Qu’est-ce que c’est, un moteur de recherche écologique ?
Un moteur de recherche écoresponsable est un moteur de recherche qui intègre des pratiques et des principes visant à minimiser son impact environnemental. Bien souvent, il s’agit d’un “métamoteur”, autrement dit : il puise ses résultats à travers plusieurs moteurs de recherche généralistes.
Il est important de souligner que les moteurs de recherche écologiques ne sont pas exempts de défauts. Ils doivent naturellement générer des revenus pour pouvoir exister, ce qu’ils font par le biais de liens sponsorisés à chaque page de résultats affichée. Cependant, ce qui les distingue est la manière dont ils choisissent de limiter leur impact sur l’environnement et d’utiliser les données de leurs utilisateurs. Les entreprises à l’origine de ces moteurs de recherche s’engagent à :
- Une utilisation et un traitement plus sobre et responsable des données personnelles de ses utilisateurs
- Un paiement des impôts en France (ou dans leur pays d'origine)sans schéma d'optimisation fiscale
- L’adoption d'un modèle d'entreprise vertueux : gouvernance partagée, réduction des écarts salariaux, agrément ESUS, statut d’entreprise ESS...
- Le financement de projets environnementaux et/ou sociétaux grâce aux revenus générés par les recherches des utilisateurs sur Internet, caractéristique clé d'un moteur éthique et responsable.
Les moteurs de recherche écologiques sont-ils vraiment utiles dans la lutte contre l’empreinte du numérique ?
La plupart des moteurs de recherche éthiques sont associés à des géants tels que Google, Bing ou Yahoo : ne contribuent ils pas à eux aussi à l’empreinte de ces moteurs ?On pourrait légitimement se poser la question.
En effet, ces moteurs de recherche utilisent les résultats de recherche de ces mastodontes pour fournir des informations à leurs utilisateurs, sans pour autant avoir l’accès direct à leurs algorithmes et infrastructures. Au lieu de cela, ils utilisent des API (interfaces de programmation d'application) fournies par ces moteurs de recherche généralistes. Les requêtes envoyées par ces alternatives écologiques génèrent fatalement une consommation d'énergie pour leur envoi et leur traitement.
Ce qui fait réellement leur différence, ce sont les initiatives déployées visant à réduire leur empreinte environnementale. Cela peut comprendre l'utilisation d'énergies renouvelables pour alimenter leurs centres de données et l’utilisation des revenus générés par l’utilisation des moteurs pour des projets à impact positif. En somme, l’utilisation d’Internet aura toujours un impact, mais passer par ces moteurs alternatifs pour effectuer des recherches aura des conséquences moindres tout en vous engageant dans une approche numérique plus vertueuse et éthique.
Et ChatGPT dans l’histoire ?
Si l’on s’intéresse aux alternatives aux moteurs de recherche classiques, on pourrait facilement penser à l’IA qui fait tant parler d’elle depuis quelques mois : ChatGPT ! En effet, de nombreux internautes ont commencé à l’utiliser comme un Google 2.0, ayant réponse à tout tel un génie de la lampe. Cependant, l'intelligence artificielle de ChatGPT repose sur des informations préalablement enregistrées, elle ne se base pas sur des données en temps réel (la date limite des contenus est fixée à 2021 dans sa version gratuite). De plus, ChatGPT ne permet pas de se faire son avis à partir de plusieurs sources fiables. C’est sans même parler de son empreinte environnementale catastrophique en raison des data centers déployés pour le faire fonctionner.
Quelques moteurs de recherches parmi lesquels choisir
On peut diviser en réalité les moteurs de recherche alternatifs en deux catégories : les moteurs de recherche “éthiques” ou “privacy friendly”, et les moteurs de recherche écoresponsables ou écologiques. Voici quelques-uns des moteurs que nous vous recommandons pour avoir un impact positif :
Ecosia, planter des arbres à chaque recherche 🌳
Commençons par le plus connu de tous, le “moteur de recherche qui plante des arbres”. Avec ses 20 millions d’utilisateur dans le monde et 4 millions en France, il est aujourd’hui incontournable dans le domaine des moteurs écologiques.
Son engagement : Replanter des arbres dans des régions gravement touchées par la déforestation. L’essentiel de ses bénéfices générés par les recherches en ligne servent à financer des campagnes de reboisement au Burkina Faso, au Pérou et à Madagascar. Grâce à ces efforts, Ecosia a déjà réussi à planter plus de 117 millions d'arbres dans le monde.
Son fonctionnement : Ecosia génère ses revenus grâce aux publicités diffusées par son partenaire Bing. Le site reverse l'intégralité de ses bénéfices à des actions en faveur du climat, dont 80% aux actions de reforestation. Ecosia héberge son site sur des serveurs entièrement alimentés par une centrale solaire allemande, évitant ainsi d’avoir recours à des énergies non-renouvelables.
La reforestation : le mythe d’une action compensant l’empreinte carbone
Bien que l’action d’Ecosia soit respectable, il est important de remettre les choses en perspective vis-à-vis de la reforestation comme moyen de décarboner ses activités. En effet, il a été mis en avant par des organismes comme Greenpeace que “Les efforts sur l’augmentation de la séquestration de carbone, dont la reforestation fait partie, doivent compléter la réduction des émissions de gaz à effet de serre dues aux énergies fossiles. En aucun cas elles ne peuvent les remplacer.”. De plus, il est important de se tourner vers des projets de reforestation se basant sur de nombreux critères afin d’en garantir l’impact positif et pérenne.
Lilo, contribuer au projet écoresponsable qui vous tient à cœur ❤️
Cocorico ! Lilo est une initiative venue de l’Hexagone, créée par deux ingénieurs français en 2015. A ce jour, l’activité de ses utilisateurs a permis de reverser plus de 4,2 millions d’euros à des associations et ONG.
Son engagement : Offrir aux utilisateurs la possibilité de soutenir des projets sans débourser le moindre centime grâce à leurs recherches en ligne. A chaque recherche effectuée, vous accumulez des “goutte d’eau”, que vous pouvez par la suite distribuer à la cause qui vous tient à cœur, qu’il s’agisse d’apporter de l'aide à ceux dans le besoin, préserver l'environnement, protéger la biodiversité ou défendre le bien-être animal.
Son fonctionnement : Lilo tire ses résultats et ses publicités de divers moteurs de recherche tels que Google, Bing et Yahoo. Lilo se charge de convertir vos unités de contribution (vos “gouttes d’eau”) généré par la consultation des résultats de recherche en dons, permettant ainsi à la start-up de reverser 50% de ses revenus générés à des initiatives sociales et environnementales.
Ecogine, financer des associations engagées dans la préservation de la planète 🌎
Autre moteur de recherche bien français, Ecogine est avant tout une association qui a un peu bouteille puisqu’elle fut créée en 2008 ! L’entreprise se distingue par son modèle d’entreprise : tous les membres sont bénévoles, et est à 100% transparente quant à son aspect financier. Tout comme Lilo, Ecogine permet par le biais des recherches de financer des ONG environnementales dans leurs projets à impacts.
Son engagement : Donner la parole à ses utilisateurs deux fois par an en reversant les revenus générés par les recherches réalisée sur Ecogine auprès des associations écologiques ayant récolté le plus de votes. Mais aussi permettre aux utilisateurs de réaliser des recherches Internet zéro carbone : leur hébergeur Infomaniak utilise de l’énergie électrique 100% renouvelable et leurs datacenters ne sont pas climatisés, simplement ventilé avec de l'air extérieur.
Son fonctionnement : Ecogine a établi un partenariat avec Google France, ce qui lui permet de bénéficier de tous les résultats de recherche fournis par ce dernier. Environ les trois-quarts des revenus publicitaires générés par Google sont reversés à l'association française, qui les redistribue ensuite intégralement (en excluant les frais de fonctionnement) aux ONG sélectionnées par ses membres.
DuckDuckGo, rester incognito sur Internet 🥸
Bien qu’Ecosia et Lilo ne collectent pas les données de leurs utilisateurs, certains moteurs de recherche ont été conçus spécifiquement pour garantir la confidentialité de la recherche en ligne. C’est le cas de DuckDuckGo ! En l’utilisant, aucun historique de recherche n'est conservé, préservant ainsi la confidentialité de votre navigation. En conséquence, vous n'êtes plus soumis au ciblage publicitaire.
Son engagement : Garantir des recherches sans collecte ni suivi des données personnelles, offrant ainsi les mêmes résultats non filtrés à tous les utilisateurs.
Son fonctionnement : Au lieu de filtrer et de personnaliser les résultats en se basant sur l'historique des utilisateurs, comme le fait Google, DuckDuckGo a fait le choix délibéré de présenter les mêmes résultats à tous les internautes pour un même mot-clé. Ainsi, bien que les résultats soient moins ciblés, la confidentialité est préservée. DuckDuckGo recueille ses données à partir d'une compilation de plus de 400 sources, y compris Bing, Wolfram Alpha, Wikipedia, Yahoo!, ainsi que son propre outil d'exploration web appelé DuckDuckBot.
Quelques bonnes pratiques à suivre pour une utilisation d’Internet raisonnée et responsable
Comme on le disait en début d’article, nos usages du numérique ont malheureusement un impact néfaste. Bien qu’il puisse être compliqué de changer ses habitudes, les moteurs de recherche écologiques sont un premier pas simple à franchir pour s’ancrer dans une démarche Numérique Responsable. Au-delà de l’utilisation des moteurs de recherches éthiques et écoresponsables, il est possible, par de petits gestes du quotidien, de contribuer à la réduction de son empreinte carbone numérique !
Parmi elles :
- Utiliser des mots-clés très spécifiques pour vos recherches : plus votre recherche est précise, plus vous trouverez rapidement la page qui vous intéresse.
- Penser à consulter votre historique et à enregistrer vos sites préférés dans les favoris pour y accéder plus rapidement.
- Maîtriser vos usages : Étant donné que la vidéo en ligne représente plus de 60 % du trafic internet, il est préférable de télécharger les vidéos que vous souhaitez regarder, de même pour la musique que vous écoutez. Cela évite de solliciter excessivement les data centers qui stockent ces données.
- Limiter votre temps d'écran : une utilisation plus modérée d'Internet est bénéfique pour la planète comme pour votre bien-être.
Grace aux données dont nous disposons aujourd’hui (notamment via les études de l’ADEME-Arcep) l’impact environnemental et sociétal du numérique ne peut plus être sous-estimé. Les entreprises sont les premiers acteurs de la décarbonation numérique. Pour entreprendre un plan de transition réussie, il est essentiel de commencer par évaluer ses impacts grâce à des outils d'analyse tels que fruggr. Grâce à cette évaluation, il devient possible d'améliorer l'impact environnemental et sociétal des services numériques, tout en s'engageant dans une stratégie à long terme qui assure l'amélioration des critères ESG et la réalisation des objectifs fixés.