De retour des universités d’été de l’économie de demain
C’est la rentrée pour tout le monde et également pour les professionnels. Pour la 4e année consécutive, j’ai donc pris part aux Universités d’Été de l’Économie de demain. Ce ne sont pas des universités de partis politiques ni de chefs d’entreprises décalés de la réalité de notre monde – je vous laisse réfléchir à la référence - mais des entrepreneurs et acteurs qui s’engagent pour un monde plus responsable.
“À quoi veux-tu contribuer” est la vraie question à poser, plutôt que “Que veux-tu devenir ?”
Cette question sur la contribution au vivant et à la société, opposée au questionnement sur ce que l’on veut devenir dans l’entreprise, en matière de carrière par exemple, était un des points adressés par Dominique Steiler, professeur et titulaire de la chaire UNESCO pour une culture de paix économique à la Grenoble École de Management.
Retour sur ces UEED23, ses intervenants inspirants, et d’autres moins.
Vers une économie de la paix
“Vers une économie de la paix”, tel était le thème 2023 de ces Universités d’Été de l'Économie de Demain 2023. J’avoue avoir été interpellé lorsque j’ai découvert le thème de cette année pour la première fois. Finalement, il sort du marasme des thèmes galvaudés.
Si je dois tirer le bilan des interventions auxquelles j’ai pu assister, j’aurais apprécié un ton plus libéré, moins policé. À écouter les intervenants et entreprises, nous pourrions presque penser que les organisations intervenantes étaient des ONG. Le Mouvement Impact France se doit de continuer son rôle d’agitateurs d’idées, dans le bon sens du terme.
Revenons au thème de la paix. Jean-Marc Jancovici évoquait une économie de guerre pour réussir la transition écologique. Je le rejoins parfaitement. Étant donné l’ampleur des transitions environnementales et sociales à opérer, c’est bien une économie de guerre que nous devons mener. Peut-être le thème des UEED 2024, dans la continuité de paix, n’est-ce-pas Caroline Neyron ?
Même si de nombreux chantiers se sont lancés tant dans les entreprises que par le gouvernement, cela reste trop timide. Jamais les grandes entreprises, pour la plupart, n’ont dégagé autant de bénéfices. N’est-ce pas là une occasion magnifique de mener les transformations sociétales ?
L’État comme l’Europe multiplient les aides. N’est-ce pas l’occasion de rendre systématiques les conditionnalités tant environnementales que sociales pour l’obtention de ces aides ? Il en existe plus de 100 milliards rien qu’en France, et elles ne sont pour le moment soumises à aucune condition sociale ou écologique.
De l’hyper compétition à l’hyper coopération, vers une ère de coopération écosystémique
La force des UEED est de faire venir des grandes entreprises, des politiques, le tout avec des acteurs à impact. Je suis intimement convaincu que la transformation passera par la coopération de tous ces écosystèmes comme également toutes les petites entreprises.
Les interventions successives ont mis le doigt sur une des prérogatives prioritaires : la coopération interentreprises. Nombreux retours d’expérience ont été partagés en ce sens notamment par la coprésidente du Mouvement, Julia Faure, CEO de LOOM, qui expliquait comment elle coopérait avec ses concurrents pour le bien commun.
Ce que j’apprécie d’ailleurs avant tout dans ces UEED c’est le partage entre pairs. Je les trouve, chaque année, énergisantes.
9 propositions concrètes du Mouvement Impact France
Les débats - même si parfois trop policés – étaient nombreux. Les points de vue différaient. Mais c’est une composante de l’intelligence collective.
Il y a la phase de « divergence ». Puis vient celle d’« émergence ». Enfin, la phase de « convergence ». Une convergence du Mouvement Impact France vers neuf propositions concrètes pour une économie de la paix :
- Création de plans de transition obligatoires, évalués par les régulateurs européens, avec sanctions en cas de non-conformité ou de greenwashing
- Exiger des médias audiovisuels, en période électorale, un quota de temps aux enjeux écologiques dans les débats
- Soutenir les acteurs de l’industrie du réemploi au même titre que ceux du recyclage
- Droit d’entrée écologique : intégrer un critère de réparabilité aux normes permettant l'accès au marché européen (Ecodesign)
- Créer des incitations claires permettant de généraliser le dividende sociétal et écologique
- Accroître les conditions d'une participation réelle des salariés aux décisions et à la gouvernance de l'entreprise, inspirée des pratiques de l'#ESS
- Simplifier le cadre réglementaire pour favoriser l’expérimentation et l’innovation des pratiques managériales
- Mettre en œuvre un outil public de diagnostic unique pour mesurer son empreinte biodiversité, adapté aux entreprises de toutes tailles
- Généraliser l’écosocio-conditionnalité des aides aux entreprises
Pascal Demurger, coprésident du Mouvement Impact France et président de la MAIF, n’a pas manqué de challenger Bruno Le Maire en ce sens.
Si on peut supposer une prise de conscience grandissante de la part des acteurs politiques français, il ne faut néanmoins pas oublier que le citoyen lui aussi doit contribuer à son échelle à la transition environnementale.
Vers une économie de guerre
C’est maintenant qu’il faut agir, pas demain. L’heure n’est plus à la réflexion, mais à l’action. Nous devons tous ensemble agir proactivement vers une transformation plus responsable de notre économie. Nous ne réussirons que si nous nous battons ensemble pour sauver le vivant.
- Frederick Marchand